Corsica Masters 2009

En attendant de recevoir des articles de participants insulaires au dernier Corsica Masters, je vous propose de vous faire partager les émotions que j'ai eues durant cet événement.

C'est fou comme cette semaine de tournoi est passée vite, et ce n'est certainement pas la faute à la cadence de jeu qui était pour la première fois de 1H30mn et 30s/coup. Mais la qualité des participants (une moyenne de 1801 élo), leur nombre (184 joueurs) et les événements qui ont complétés cette grande fête insulaire des échecs expliquent beaucoup cette sensation.
C'est une rare chance de côtoyer de grands champions tels Karpov et Anand, de les voir s'affronter à quelques mètres de nous et de pouvoir les défier en simultanée. Même si Karpov n'a pas supporté la comparaison avec l'actuel champion du monde, il n'en reste pas moins, à mes yeux, comme l'attraction principale.
En effet, c'est à la fin des années 80 que j'ai commencé à jouer aux échecs, et à cette époque l'attention du public était retenue uniquement par Kasparov et Karpov. C'était aussi une autre époque, celle de l'Union soviétique et de la Glasnost mise en place par Gorbachev. Kasparov et Karpov symbolisant sur le plan sportif la lutte entre les réformateurs et les apparatchiks du régime soviétique.
Bref, Karpov est un personnage historique et je le vois comme tel indépendamment du talent immense d'Anand.

Sur le plan de l'organisation du tournoi, j'ai beaucoup apprécié la répartition des rondes sur une semaine de compétition pour seulement 2 jours avec une double ronde. Les 3 jours où il n'y avait qu'une ronde à 17h permettaient aux continentaux de faire du tourisme, de se détendre et de profiter de leur séjour en Corse (peut-être en famille). Personnellement, quand j'ai participé aux tournois de Gênes en août 2005 et de Moscou en février 2006, c'est ce type d'aménagement qui m'avait convaincu !

Enfin ça coupe vraiment du quotidien de baigner une semaine dans cette ambiance de tournoi d'échecs, la tension de la compétition, les analyses de Grands-maîtres que l'on suit silencieusement, les rigolades sur les conneries des uns et des autres. Vivement le tournoi de Calvi !

Cette semaine pleine a été remarquablement relatée par les médias (presse écrite, télévision et internet) ainsi qu'il l'a été rapporté par les sites internet de la ligue et de Scacchi in Corsica.

Mais il est temps que je tire les leçons de mon tournoi. L'analyse à froid d'une partie d'échecs que j'ai disputée est toujours un processus de désenchantement. La victoire ne paraît plus aussi éclatante et la défaite est souvent plus amère. Comme pour une autopsie, j'endosse alors l'habit de Mac Taylor (interprété par l'excellent Gary Sinise dans la série TV "Les Experts Manhattan") et je cherche l'explication des événements qui ont conduit à l'issue de la partie

Ma démarche analytique se divise en trois phases :

- d'abord je note toutes les idées, les plans et les calculs de variantes qui me sont venus à l'esprit durant la partie (et dont j'arrive à me souvenir !). J'y associe les éléments émotionnels qui peuvent expliquer certaines décisions.

- ensuite, j'analyse, à proprement parler, la partie. Pour chaque camp, je décèle les erreurs, j'essaie de trouver des améliorations tant dans le calcul de variantes que dans l'élaboration de plans ou d'idées que je n'aurais pas eus durant la partie.

- après j'utilise un logiciel (Fritz en l'occurrence) pour compléter mes analyses et ainsi tenter de dépasser les limites imposées par mon modeste niveau.

Avant d'attaquer les choses sérieuses deux diagrammes :

Trait aux Noirs

DUMAS (1450)- AUTRAN (1946)
Corsica Masters 2009, ronde 3

D'abord un des rares pièges d'ouverture sur la Défense française que l'on ne m'ait pas déjà placé. Mon adversaire ayant atteint cette position en jouant très vite, j'avais subodoré un piège d'ouverture... Les Noirs peuvent-ils sacrifier temporairement le fou c5 par 7...Cxe5 8.bc Cxf3+ 9.Dxf3 De5+ 10.De2 Dxa1 comme je m'en étais convaincu ?

Trait aux Noirs

COSTA Elodie (1691) - AUTRAN (1946)

Corsica Masters, ronde 5

Les Blancs viennent de jouer 22.Cg3-f5 ; les Noirs peuvent-ils prendre le Cf5?

Je dois dire que cette partie m'avait quelque peu rassuré sur mes capacités de calcul sérieusement remises en cause par le diagramme précédent !

Et maintenant, je vous propose l'analyse que j'ai faite de la partie qui m'a opposé à la 6ème ronde au (très jolie) Grand-Maître Féminin Anna-Maria HAMDOUCHI. Avant même la fin de la partie,  je savais que j'avais échappé à la défaite. Mais l'analyse m'a révélé que la situation était encore pire que je ne l'avais compris durant la partie. Rétrospectivement, je trouve étonnant que mon adversaire, classée 2308 élo, n'ait vu aucune des lignes de gain. Mais pour rester objectif, je ne doit pas non plus oublier les bonnes idées que j'ai eues dans une position qui m'était étrangère.

Prochainement, je vous proposerai l'analyse de la partie que j'ai jouée (et gagnée !!) à la dernière ronde avec Damir LEVACIC.

Comments

[Didier]

Si Léo balance ses propres parties, crois-moi, ce sera le désert... ou un blog comique!
A+
PS: j'attends ta partie contre Damir!

[Ganymède]

Merci Léo :)
ça me fait plaisir d'apporter ma petite pierre à l'édifice. J'espère que ça fera motivera un max de personnes pour participer !

[leo]

bon maintenant que tu es institutionnalisé avec renvoi sur ton blog via la page d'accueil de la ligue, tu as intérêt à produire régulièrement ! On te surveille !!!
Pour t'aider je t'enverrai quelques unes de mes parties... quand je gagne bien sûr. Et comme je suis dans une bonne dynamique désormais !
En tout cas (re) bravo pour tout ce que tu fais. En dépit de la faiblesse de certaines parties, tu réalises une belle rubrique.